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Il y a 70 ans, Francis Poulenc s’éteignait à Paris. Ce compositeur français, singulier, laisse une œuvre hétéroclite : du Stabat Mater aux Chansons gaillardes, du Concert champêtre au Dialogue des Carmélites, sa musique, souvent légère, toujours mélodique peut également se parer de couleurs sombres et dramatiques. En 1950, Poulenc découvre la foi. Il compose alors, parallèlement à des pièces profanes, des œuvres sacrées empreintes d’une spiritualité originale, à la fois profonde et légère.

« En Poulenc, il y a du moine et du voyou » Claude Rostand

Amoureux des mots, Francis Poulenc n’aura de cesse de les mettre en valeur, notamment quand il aborde le sujet de la mort.
En 1951, il compose un Stabat Mater à la mémoire de son ami Christian Bérard. « J’avais d’abord songé à un requiem, mais je trouvais cela trop pompeux. C’est alors que j’eus l’idée d’une prière intercessionnelle et que le texte bouleversant du Stabat Mater me parut tout indiqué… ». Dans le célèbre Dialogue des Carmélites, et tout particulièrement dans le glaçant Salve Regina final, l’inquiétude de la mort aura rarement été décrite d’aussi près : notée sur la partition « Un peu plus lent et extraordinairement calme », la mort de Blanche se termine par un silence d’une mesure entière. Après quelques mesures, c’est par une simple tierce mineure, brève et sèche, que se termine l’opéra.

C’est curieusement de son œuvre profane qu’émane le plus de douceur à l’évocation de la mort : Jean Cocteau, Guillaume Apollinaire, ou encore Paul Eluard seront source d’inspiration pour ses nombreux cycles de mélodies. Dans la chanson La Reine de Cœur, par exemple, Poulenc donne au piano et à la voix de soprano des sonorités cristallines qui créent une atmosphère éthérée propice à un voyage intérieur apaisé.
(…) C’est la Reine de cœur – Elle peut s’il lui plaît – Vous mener en secret – Vers d’étranges demeures (…) La reine vous salue – Hâtez-vous de la suivre – Dans son château de givre – Aux doux vitraux de lune. Maurice Carême.

Comme un testament artistique, Francis Poulenc livre en 1962 une de ses ultimes œuvres sacrées, les Sept répons des ténèbres, qui résonnent particulièrement en cette période de Pâques. On y retrouve l’écriture si caractéristique du compositeur, à la fois fragmentée et mélodique, spirituelle et charnelle, qui se clôt en un mélancolique Ecce quomodo moritur justus – voici comment meurt le juste.

Le 30 janvier 1963, Poulenc décède d’une crise cardiaque. À sa demande, ses funérailles ont lieu dans la plus grande simplicité avec pour seule musique celle de Johann-Sebastian Bach.